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Plans de travail : Retours d’expérience au collège de l’Albarine, Saint-Rambert-en-Bugey
Article mis en ligne le 13 janvier 2021
dernière modification le 17 mars 2022

par Sylvain Beauvoir

Comme beaucoup de collègues, nous avons souvent été confrontées à une grande hétérogénéité du niveau des élèves. Pendant les moments dédiés à l’entraînement et aux exercices, de nombreux élèves étaient en fait inactifs. Nous avons cherché un moyen pour que tous les élèves s’investissent réellement dans leurs apprentissages.
Nous avons donc décidé de mettre en place ce qu’on appelle des “plans de travail” afin de permettre une différenciation.

Constat initial

Dans nos classes d’un établissement classé en REP, nous étions constamment confrontées à une grande hétérogénéité, qui, certes, peut être une richesse, mais qui peut également être très difficile à appréhender. Pendant les moments dédiés à l’entraînement et aux exercices, il était du coup souvent difficile de trouver un rythme pouvant convenir au plus grand nombre, ne laissant pas sur le bord du chemin certains, et ne laissant pas la place à l’ennui pour d’autres. En effet, certains élèves attendaient sans trop d’efforts, la correction qui allait être faite au tableau quelques instants après, pendant que d’autres attendaient parce qu’ils avaient fini les exercices proposés et n’avaient pas forcément envie d’en faire davantage. Les élèves les plus en difficulté notaient alors sur leur cahier la correction qu’ils n’avaient pas toujours comprise, ou qu’ils croyaient avoir comprise, mais qu’ils ne se sentaient pas capables de refaire seul, alors à quoi bon… Cela aboutissait parfois à des élèves qui ne prenaient même plus la peine de noter la correction.

Essayer de différencier est alors devenu une de nos priorités, mais comment… ? Par quoi commencer ? Comment permettre à chacun d’avancer et de progresser à son rythme et à son niveau au sein de la classe entière ? Après quelques lectures et réflexions ensemble, inspirées du travail de Joan RIGUET, nous avons donc décidé de mettre en place ce que nous appelons des “plans de travail”, comme cela est souvent pratiqué à l’école élémentaire. Plusieurs inquiétudes sur la faisabilité en collège sur un temps restreint d’une heure de cours et dans une seule discipline…, mais pourquoi ne pas tenter ?

Le dispositif mis en place

Le plan de travail tel que nous le proposons est une feuille au format A4 pour chaque chapitre regroupant une liste d’exercices ainsi que des flashcodes vers des petites vidéos en cas de besoin. Un découpage par objectifs (savoir-faire) est réalisé, puis à l’intérieur de chacun d’entre eux les exercices sont classés par niveaux de difficulté avec différents parcours (comme les pistes de ski). Ces exercices disposent tous d’une correction dans un classeur accessible aux élèves. Cela représente une charge de travail en amont, mais grâce à un travail d’équipe, nous avons pu la diviser par deux.
Les élèves doivent effectuer les exercices dans l’ordre de difficulté : (vert : maîtrise fragile ; bleu : maîtrise satisfaisante ; rouge : très bonne maîtrise).
Après avoir effectué un exercice, ils doivent aller se corriger seuls et faire appel au professeur uniquement s’il y a des erreurs incomprises. Cela permet au professeur de disposer davantage de temps pour répondre aux questions et aider les plus en difficulté. Certains exercices ne sont pas obligatoires, mais sont là, soit pour retravailler une notion non comprise ou pas encore bien assimilée, soit pour l’approfondir. Les élèves peuvent donc adapter leur parcours en fonction de leurs besoins et de leur avancée. Tous les élèves ne feront pas tous les exercices proposés, car tous n’avancent pas au même rythme, mais peu importe si chacun progresse, c’est ce qui compte nous semble-t-il.
A la fin de chaque objectif, il y a des exercices plus complexes permettant de réutiliser les savoir-faire en question et de travailler les différentes compétences mathématiques.

Notre constat après trois ans d’utilisation

Grâce à ce système, tous les élèves sont au travail, certains font peu d’exercices, mais ils les font réellement, les réussissent, d’autres vont beaucoup plus loin et peuvent approfondir les notions travaillées. Cela nous laisse aussi davantage de temps pour réellement aider tous les élèves qui en ont besoin. Nous avons gagné du “temps de cours” en diminuant les corrections en classe entière qui ne répondaient pas aux besoins des élèves ayant réussi l’exercice, ni à ceux n’ayant pas eu le temps de faire l’exercice ou ayant attendu la correction.
Les élèves ont gagné en autonomie dans leurs apprentissages et en méthodologie. Comme ils travaillent à leur rythme et qu’on leur fait confiance sur l’avancée des exercices, ils ont aussi gagné en maturité face au travail.
Les élèves ont pris possession de l’espace classe, ils s’y déplacent pour se corriger ou s’entraider. Comme ils sont au travail, le niveau sonore n’est pas trop élevé, même s’ils ont le droit de parler pour s’entraider. Les élèves sont plus actifs, plus investis et acteurs de leurs apprentissages.

L’évaluation avec parcours différenciés

Cette année, nous avons ajouté les “évaluations à la demande”. Avant la fin de chaque “objectif”, les élèves doivent passer une évaluation verte (correspondant à une maîtrise fragile), bleue (maîtrise satisfaisante) ou rouge (très bonne maîtrise) qui correspond à ce qu’ils ont travaillé. Ces petites évaluations permettent à chaque élève, tout au long de l’objectif , de voir réellement où il en est, ce qu’il a compris et retenu. S’il a réussi, il peut alors continuer vers le niveau du dessus. A l’inverse, si l’élève n’a pas validé un parcours, il peut alors repasser l’évaluation un peu plus tard après s’être de nouveau entraîné, et avoir demandé de l’aide à son professeur ou ses camarades sur les points incompris. Chacun peut ainsi être en réussite à un moment ou à un autre et se sentir donc plus en confiance. Pour les classes ayant des notes, nous traduisons cela par une note sur 5 (vert : 2 points ; bleu : 3,5 points et rouge 5 points)

Remarques et pistes possibles

Pendant la période de confinement, le plan de travail a également été un grand atout. Les élèves, ayant déjà l’habitude de travailler ainsi en classe, ont été moins déstabilisés face à l’autonomie qui leur était imposée de manière soudaine.

Une piste possible d’évolution une fois cela bien installé, est d’instaurer au sein de la classe selon les chapitres, selon les moments… des degrés différents d’autonomie. Suite à une formation avec Sylvain CONNAC sur l’autonomie des élèves, nous avons rajouté des degrés d’autonomie dans nos plan de travail, mais avec le confinement, nous n’avons pas eu suffisamment de temps pour l’expérimenter (seulement un mois environ) et avec les règles sanitaires en vigueur en ce moment, c’est également plus compliqué. L’idée est de donner un degré d’autonomie à chacun des élèves. Les élèves étant en degré 1 pourront être regroupés à des moments bien ciblés (maximum 6-8 élèves) avec le professeur vers une table d’appui. Les élèves de degré d’autonomie 2 et de degré 3 avancent eux de manière encore plus autonome, à la différence que ceux de niveau 2 doivent obligatoirement venir vers le professeur montrer les exercices ciblés d’un soleil rouge sur le plan de travail. A un autre moment, cela peut être le contraire, c’est-à-dire que le professeur peut prendre du temps avec les élèves de degré d’autonomie 3 regroupés pour les amener encore plus loin sur une notion… Pendant les quelques tests réalisés, les élèves ont été très réceptifs et assez séduits par l’idée, donc à voir quelle suite on peut donner à cela...

Exemples :

Vous trouverez ci-dessous un exemple de plan de travail pour la classe de 3ème ainsi que des exemples d’évaluations correspondant.

Marilyne Malardier et Julie Pinchard (collège de l’Albarine, Saint-Rambert-En-Bugey)